Je me réveille, m’assois au bord du lit et tend la main vers la
bouteille d’eau. Je dévisse le bouchon, il quitte ma main et va rouler
sur le sol je l’entends continuer sa course pendant quelques secondes.
Ne
le voyant pas sur le sol, je pense qu’il a du se cacher sous le lit.
Avec mon mal de dos je ne peux pas me baisser et décide donc de pousser
le lit. Je me cogne les doigts de pied ; je ne sais pas si vous avez
essayé entre le lit et vous c’est toujours le lit qui gagne. D’un geste
brusque je me retourne et là c’est mon coude qui attaque la
bibliothèque, encore perdu. Ce sont toujours les objets inertes,
semble-t-il, qui remportent la victoire ou alors ils sont plus durs à la
douleur que nous?
A partir de ce moment, une personne
ayant toutes les capacités nécessaires de la réflexion devrait
s’arrêter. La loi de Murphy est claire sur ce point : dans le monde il y
a toujours quelqu’un pour emprunter la voie de la catastrophe.
Donc
deux solutions. La première est de se dire « le bouchon peut continuer
sa course folle à explorer tout l’univers sombre des dessous du lit je
m’en fiche ! » La deuxième, plus hardie et revancharde, est de se dire
«je ne me suis pas fait mal pour rien je continue le combat ! » mais
comme il est dit plus haut les choses gagnent souvent à ce jeux. A ce
moment je pense, je ne sais pourquoi ? À cette association qui collecte
les bouchons en plastique et me dit « Je les plains ! tous ces bouchons
qui roulent partout, bon pas sous le lit, mais dans tous les coins ! »
Peut être pourrais-je les contacter pour monter une association des
victimes de ces ronds de plastique? Heureusement la loi de Murphy ne
prend pas en compte le coté comique de ces situations il faut toujours
avoir un peu d'autodérision pour relativiser.
Avec de
la chance un jour je vais marcher dessus pieds nus, m’ouvrir le pied et
boiter pendant deux jours. Je dis « avec de la chance ! » ce serait
plutôt de la malchance. Certains diront «Lui, il n’a pas de chance ! »
Alors là je dis « non ! » j’ai horreur qu’on dise « tu n’as pas de
chance! » comme si la malchance avait un côté définitif, tu ne peux pas
lutter contre. Comme si lorsque tu nais une bonne fée se penche sur ton
berceau et avec sa baguette elle te dit « tu seras chanceux ! » alors
que pour d’autre il n’y avait plus de fée disponible ils envoient donc
une stagiaire qui, ne connaissant pas le boulot, prendrait sa baguette à
l’envers au moment de prononcer sa phrase magique. Il est vrai aussi
que pour avoir des chanceux il faut des malchanceux quelqu’un qui gagne
au loto est chanceux grâce à tous les malchanceux qui ont perdu. Je suis
persuadé que la chance tourne.
Tout ça pour dire que je ne crois pas à un état dont on ne pourrait aller contre.
Le
bouchon n’a qu’à continuer sa vie de son côté, un jour un aspirateur
l’avalera se sera un juste retour des choses, là la chance aura tourné
pour lui. Je pourrai me consacrer à aller de l’avant vers d’autres
aventures, plus dangereuses les unes que les autres, et, avec un peu de
chance, je survivrai.
vendredi 16 février 2018
Digression autour d'un bouchon
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